Aqabat-Jaber était le plus grand camp de réfugiés palestiniens construits dans les années 1950. Tourné en 1987, quelques mois avant la première Intifada, ce film raconte l’histoire d’une génération deshéritée, élevée dans la nostalgie d’endroits qu’elle n’a jamais connus et qui n’existent plus. L’histoire d’une solution temporaire devenue mode de vie permanent.
Aqabat-Jaber est l’un des soixante camps de réfugiés palestiniens construits par l’ONU au début des années 1950 au Moyen-Orient. Tourné en 1987, quelques mois avant la première Intifada, ce film raconte l’histoire d’une génération deshéritée, élevée dans la nostalgie d’endroits qu’elle n’a jamais connus et qui n’existent plus. L’histoire d’une solution temporaire devenue mode de vie permanent.
Aqabat-Jaber est l’un des soixante camps de réfugiés palestiniens construits par l’ONU au début des années 1950 au Moyen-Orient. Situé à trois kilomètres au sud de Jéricho, c’était alors le plus grand camp du Moyen-Orient. La plupart de ses 65.000 habitants venaient de villages du centre de la Palestine détruits en 1948. La guerre de 1967 poussa 95% de cette population à fuir vers l’autre rive du Jourdain. Les traces de la guerre et les effets d’érosion du désert accentuent le contraste entre les refuges abandonnés et les cabanes encore habitées, Aqabat-Jaber devient une ville fantôme. Tourné en 1987, quelques mois avant l’Intifada, ce film raconte l’histoire d’une génération deshéritée, élevée dans la nostalgie d’endroits qu’elle n’a jamais connus et qui n’existent plus. L’histoire d’une solution temporaire devenue mode de vie permanent. Un film sur la mémoire et la parole nostalgique, un témoignage sur le vécu de l’absence
Ce film est au-delà de la politique. Il s'agit de paysans parqués depuis trente-huit ans dans des camps de réfugiés, de l'humiliation d'avoir été châtrés de leur terre, de leur verger, de leur village. Il ne se passe rien dans ce film, car il ne se passe absolument rien dans leur vie. Une attente sans fin dans laquelle certains espèrent encore retourner sur leur terre. Ce n'est pas un film muet, il est criant dans sa sobriété, ça serre le cœur. Ce sont des êtres humains ? Et alors, quoi ?!
Certains réfugiés saisissent la chance de se présenter, d'exprimer leurs doléances et de déplorer leur sort ; d'autres dédaignent les cinéastes. Sivan, toujours compatissant quant à leur condition, expose les histoires détaillées des vies de ces personnnes déplacées en faisant le panoramique de la vie quotidienne du camp.
Aqabat-Jaber offre une vision poétique de l'exil vécu comme un état d'esprit permanent. Une poignante intensité se mêle à l'absurdité, faisant d'une vie faite d'expédients une sorte de purgatoire grotesque, un triste pays de rêves.
Aqabat-jaber est une réussite totale. C'est un triste et dérangeant regard sur un camp décrépit de réfugiés de Cisjordanie où des Palestiniens, pour la plupart des paysans expropriés, vivant en exil, parlent de leur vie, de leur espoir de retouver leur terre. Pour eux, dont certains sont là depuis 1948, la terre est le symbole d'une culture et d'un respect de soi perdus.
L’Aqabat-Jaber de Eyal Sivan, lauréat du cinéma du réel 1987, demeure un témoignage très fort sur les déracinés de toutes origines.
Il y a dans le film d’Eyal Sivan, la conscience aiguë du regard de la caméra de la part de tous ceux qu’elle filme.
Un film au delà de la politique tant les êtres bafoués y sont dignes et fiers.
Au delà de son sujet humainement et historiquement fort, et de son relief très esthétique ( images denses et dépouillées, panoramiques éthérés, plans amoureux), le film vaut surtout par la manière très particulière qu'il a de mettre en évidence ce qui se profile entre les discours et les comportements les plus divers : la conscience d'un peuple (...) Le grand mérite d'Eyal Sivan est d'avoir su conserver et projeter cette identité irréductible, quelle que soit la forme qu'elle prend pour se manifester.
Cinéma du Réel, Paris 1987
Festikon, Amsterdam 1988
Festival du Film de Belfort, France 1988
International Film Festival, Oakland 1987
Internationale Filmwoche, Manheim 1988