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Documentaire | 2003 | 272 mn | couleur | 16:9 | VOST

"Route 181, fragments d'un voyage en Palestine-Israël" propose un regard inédit sur les habitants de Palestine-Israël, le regard commun d'un Israélien et d'un Palestinien. A l'été 2002, pendant deux mois, Eyal Sivan et Michel Khleifi ont voyagé ensemble du sud au nord de leur pays. Pour accomplir ce voyage en terre natale, ils ont tracé leur parcours sur une carte routière et l'ont intitulé "route 181". Cette ligne virtuelle suit les frontières de la résolution 181 adoptée par les Nations-Unies le 29 novembre 1947 qui prévoyait la partition de la Palestine en deux Etats.

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 “Route 181” propose un regard inédit sur les habitants de Palestine-Israël, le regard commun d’un Israélien et d’un Palestinien. Pendant plus d’un an, les deux cinéastes se sont dédiés à la réalisation de ce qu’ils considèrent comme un acte de foi cinématographique.

 

À l’été 2002, pendant deux mois, Eyal Sivan et Michel Khleifi voyagent ensemble du sud au nord de leur pays. Pour accomplir ce voyage en terre natale, ils ont tracé leurs parcours sur une carte routière et l’ont intitulé “Route 181”. Cette ligne virtuelle suit les frontières de la résolution 181 adoptée par les Nations Unies le 29 novembre 1947 qui prévoyait la partition de la Palestine en deux Etats. Au hasard de leurs rencontres, ils donnent la parole aux hommes et aux femmes, israéliens et palestiniens, jeunes ou anciens, civils ou militaires,… Saisis dans l’ordinaire de leurs vies quotidiennes. Chacun de ces personnages a sa manière d’évoquer les frontières qui le séparent de ses voisins : béton, cynisme, barbelés, humours, indifférence, méfiance, agression,… Les frontières se sont construites sur les collines et dans les vallées, sur les montagnes et dans les plaines, mais surtout dans les esprits des deux peuples et dans l’inconscient collectif des deux sociétés.

 

Avec “Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël”, Eyal Sivan et Michel Khleifi nous invitent à un voyage déroutant à travers ce petit territoire aux enjeux démesurés.

 

 

AUTOUR DU FILM

La "route 181" suit les frontières de la résolution n° 181 adoptée par les Nations-Unies le 29 novembre 1947. Cette résolution prévoyait la partition de la Palestine en deux Etats, l'un juif, l'autre arabe. Selon ses termes, 56% du territoire était attribué à la minorité juive, tandis que 43% à la majorité arabe et, au centre, une zone internationale.

Route 181, fragments d'un voyage en Palestine-Israël se déroule en trois chapitres successifs. 
Chacun d'eux suit une partie de la "route 181" :

LE SUD de la ville portuaire d'Ashdod vers le Sud, jusqu'aux frontières de la bande Gaza.

LE CENTRE de la ville judéo-arabe de Lod vers et autour de Jérusalem

LE NORD de Rosh’A’aiyn, près du mur de séparation, vers le Nord, jusqu'à la frontière avec le Liban

Les deux cinéastes sont convaincus que la situation tragique de la réalité au Proche-Orient est une construction idéologico-pathologique fabriquée par les hommes et que ces mêmes hommes sont capables de la dé-construire.

Ils sont partis à l'improviste, s'arrêtant à l'occasion de rencontres hasardeuses.

Ils n’ont pas organisé de rendez-vous. Ils n’ont pas contacté de personnalités à rencontrer, ni sollicité d’interlocuteurs autorisés.

Munis seulement d’autorisations de tourner et de laissez-passer, ils se sont arrêtés et ont filmé au hasard des rencontres : des Israéliens et des Palestiniens anonymes qui parlent de leur vie, de leur expérience, de leur situation actuelle, de leur mémoire particulière et de la compréhension personnelle qu’ils ont de ce qui se passe aujourd’hui autour d’eux. Ils parlent aussi de demain, de ce qu’ils pensent que pourraient devenir leur vie et ce pays qui est le leur.

Cette frontière théorique qui se présentait comme une "solution" a entraîné la première guerre israélo-arabe et un conflit dont on ne voit toujours pas la fin.

55 ans plus tard, le voyage des deux cinéastes sur la "route 181" suit le tracé de cette frontière qui n'a jamais existé. 

Michel Khleifi et Eyal Sivan ont voulu arpenter leur terre ensemble, entendre avec l’oreille de l’autre et s’approcher, chacun grâce à l’autre, de ceux que la crainte sépare.

Comprendre. Faire la part du voulu et du subi. Distinguer les rêves des hommes et les dossiers politiques. Entendre dire ce que l’on voulait oublier.

Se nommer en écoutant l’autre. C’est en cela que ce voyage à la recherche d’une paix possible et d’une vie ensemble est pour tous initiatique.

Ce voyage est aussi une leçon d’humanité et de tolérance. Prêter l’oreille aux mots de l’autre. Dire ce qu’on ne formule jamais. S’obliger à regarder et à admettre. Partager les mémoires. Nommer le désir de vivre et de construire.

 

Dans leur note d'intention, les deux cinéastes écrivent :

"Au-delà des appartenances tribales dans lesquelles nous ne nous reconnaissons pas et forts de notre expérience commune, nous avons décidé ensemble de retourner au pays pour le re-trouver, le re-découvrir et dévoiler la réalité géographique et mentale dans laquelle vivent aujourd'hui les hommes et les femmes de Palestine-Israël.

"La ligne de démarcation du plan de partage pour la Palestine, dessiné et voté par l'ONU en 1947, est le point de départ du dispositif cinématographique de ce film. Il nous lance un défi documentaire et celui d'une aventure humaine. 

"Le long de cette route qui n'existe pas et que nous avons choisi de suivre au-delà des idées pré-établies, nous désirons filmer les hommes et les femmes, les lieux, les histoires et les géographies, une somme de choses non encore dévoilées. Pris par le hasard des rencontres, nous voulons donner la parole à ceux et celles qui sont les oubliés des discours officiels, mais qui constituent pourtant les bases des deux sociétés, ceux aux noms desquels les guerres se font. 

"Nous désirons construire un acte filmique qui résiste à l'idée que la seule chose que puissent faire ensemble les Israéliens et les Palestiniens, c'est la guerre, la guerre jusqu'à ce que l'autre disparaisse."

 

Ce qu’ils nous proposent aujourd’hui n’est pas un film à deux regards, mais un regard commun à partir de deux visions complémentaires, et quel que soit le dérangement que leur récit de voyage puisse susciter en chacun de nous, Michel Khleifi et Eyal Sivan nous invitent à les accompagner et à suivre leurs pas.

 

1. VERS LE SUD : de Ashod à Gaza

Le film part de la ville portuaire d'Ashdod, un chantier de construction y est en cours. Des contremaîtres israéliens, des ouvriers chinois et des géomètres palestiniens citoyens d'Israël travaillent ensemble.

Gan Yavne est construit sur les ruines du village de Barkaa. Une vendeuse de jus de fruit tient un petit kiosque. Personnellement, elle n'a rien contre le retour des réfugiés palestiniens sur leur terre natale.

Un chef de chantier passe par là.

Masmyie, seuls une vieille femme et son fils habitent encore ce qui, avant 1949, était la grande ville de Masmyie. Leur maison doit être démolie pour permettre l'élargissement de l'autoroute.

Derrière leur maison, une station d'essence dont la cafétéria tenue par une Juive yéménite est tapissée de photos militaires.

Sur les bords de la route, les inscriptions "transfert de populations = paix et sécurité" accrochent le regard.

Kiriat Malahi, dans son petit magasin de bonbons, un Juif irakien raconte avec nostalgie ce qu’était la région quand il s’y est installé, en arrivant d'Irak. "C'était une région arabe, moi j'aurai pu bien vivre avec eux…" dit-il.

Shafir, un jeune ingénieur en high-tech construit sa maison et parle de ses voisins, les ouvriers de la Bande de Gaza. Son père raconte la construction de ce village 1949 par des rescapés européens, sur les ruines d'un village palestinien démoli un an auparavant.

Dans le musée du kibboutz Yad Mordechai, un vieux pionnier raconte l'expulsion des habitants palestiniens d’origine vers la Bande de Gaza avoisinante.

Au kibboutz Negba, une statue, un monument à l'allure stalinienne et une maquette du kibboutz à ses débuts témoignent du rêve socialiste fondateur.

Gaza, le passage Karni est fermé à tout accès de civils. Les camions de marchandises attendent devant la frontière bloquée. Nul ne passe.

C’est là que se fabrique le "conzertin", ce fil de fer barbelé à plusieurs niveaux, destiné à construire la frontière entre Israël et les Territoires palestiniens.

Sur la frontière avec la Bande de Gaza, une famille israélienne visite le réservoir d'eau de Nir Am à partir duquel on aperçoit la Bande de Gaza bouclée.

Le Directeur du Musée de l'Eau et de la Sécurité du kibboutz Nir Am raconte comment la commission de partage de l'ONU a finalement inclus le Negev dans les territoires juifs. Il rêve de développement touristique face à Beit Hanoun.

Dans la base militaire israélienne, on ne peut filmer que la barrière électrique qui entoure la Bande de Gaza.

Une maison blanche au milieu de nulle part, près de la barrière électrique de la Bande de Gaza, dans un paysage lunaire. Un membre du kibboutz Nir Oz aimerait transformer ce bâtiment en galerie d'art.

La nuit tombe sur le passage frontalier de Erez, déserté.

Ce soir, la Maison Herzl a été louée pour y célébrer un grand mariage.

 

 

2. LE CENTRE : de Lod vers et autour de Jérusalem

Arrivée au centre d'accueil de Lod pour de nouveaux immigrants venus d’Ethiopie. Prières hébraïques et musique russe.

Lod, des membres du mouvement juif-arabe Ta-Ayoush ("Vivre ensemble") manifestent contre la démolition de maisons. Séance du Conseil municipal qui débat sur ce sujet.

Dans le quartier du "ghetto", une ancienne prisonnière politique arabe et sa voisine juive. Dans son salon, le vieux coiffeur raconte la fin de la grande ville arabe de Lyyd (Lod, avant 1948).

Sur la route vers le kibboutz Geser un juif d'origine russe. Plus loin, un bédouin rêve de rejoindre l'armée israélienne.

Au kibboutz de Geser, des Américains protestants venus du Kansas plantent des oliviers, en signe de paix et de solidarité. La cérémonie est dirigée par une femme rabbin et son mari, tous deux juifs américains.

Sur la route vers Jérusalem, des ruines de villages palestiniens.

À Kfar Binoun, un sculpteur, fils de rescapés du nazisme, raconte le calvaire de sa mère. Il veut construire un paradis pour ses enfants.

Hulda, un guide du Fonds National Juif accueille les visiteurs de la Maison de T.Herzl. Le kibboutz Hulda est construit sur les ruines d'un village palestinien.

Les barrages militaires se multiplient à l'approche de Jérusalem.

Kalandia, situé entre Jérusalem et Ramallah, est le plus impressionnant d'entre eux. L'occasion de discuter des vertus de la politesse avec les soldats.

Dans un tribunal militaire, une avocate israélienne défend de jeunes kamikazes palestiniens. Les familles des accusés sont présentes. Il est interdit aux parents de toucher les prévenus.

Un jeune couple de militaires israéliens contrôle ensemble le passage des véhicules à un barrage. Chacun d'eux portent un piercing sur la langue, mais il ne faut pas le dire.

Abou Dis, le grand mur de béton traverse la ville. Un géographe palestinien explique les enjeux stratégiques des implantations autour de Jérusalem.

Des maisons de familles de kamikazes ont été dynamitées par l'armée israélienne. Des familles à la rue parcourent les décombres.

Quelques instants après un attentat-suicide à Jérusalem, le bouclage total est imposé à tout le territoire. Au barrage Al-Ram, un soldat interpelle spontanément la caméra.

Ramallah est sous couvre-feu. L'armée israélienne contrôle tout mouvement. De son tank, un officier parle de littérature et de philosophie.

La route entre Bethleem et Beit Jala est bloquée. Les invités du mariage palestinien célébré à Beit Jala empruntent des raidillons de terre pour arriver jusqu'à la noce. L'occupation militaire n'empêchera pas la fête.

 

 

3. VERS LE NORD : de Rosh’A’aiyn à la frontière avec le Liban

Rosh A'Aiyn, un jogger juif yéménite ne se souvient pas qu'avant 1948, il y ait eu un village arabe à Majdal Sadek.

L'autoroute qui va vers le Nord est toute nouvelle. Elle est bordée par le mur de séparation tout neuf lui aussi.

Près de Kalkylia, ouvriers palestiniens et archéologues israéliens travaillent ensemble dans un petit site archéologique. Au pied du mur en construction, les ouvriers sont arabes, turco-bulgares, ouzbeks.

Cernée par les postes militaires, la ville de Kalkylia est sous couvre-feu.

Tulkarem, un groupe de manifestants du mouvement juif et arabe Taayoush (Vivre ensemble) est arrêté par les militaires. Ils veulent apporter des vivres aux habitants de la ville palestinienne assiégée. Accès impossible.

Bir Sika, pendant la cueillette des olives, les inspecteurs du Grand Rabbinat veillent à ce que la récolte soit kasher. Le propriétaire raconte comment il a déplacé lui-même la frontière, en 1947.

Dans la région de Emek Ysrael, à la tombée de la nuit, les avions de chasse regagnent leur base, au centre de la vallée. Un promeneur évoque les colonies d'aujourd'hui comme continuité des kibboutzim d'hier.

Au kibboutz Yifat, les employés du musée d'histoire des pionniers accueillent des groupes et reconstituent pour eux ce que fut l'aventure des premiers pionniers.

La ville de Lubia est aujourd'hui en ruine. Sur le site, un groupe d'adolescents israéliens se promène sous la protection d'un garde armé.

Le Directeur du musée de Sejera, un immigré de Grande-Bretagne, inscrit son parcours personnel dans le prolongement de celui des pionniers qui se sont installés ici au début du XXe siècle.

Tura'An, une femme palestinienne, entourée de ses petits-enfants, raconte son expulsion en 1948 du village de Sejera, à 4 kilomètres de là.

Près du monument aux morts de Nujeidat, des écoliers arabes israéliens parlent d’identité.

A l'entrée du kibboutz Farud, un vieux soldat qui a participé à l' "opération balai" raconte l'expulsion des habitants arabes du nord de la Palestine avant la guerre.

Dans le village de Kfar Shammaï, une inscription sur un mur "Nous avions un rève. Il nous reste un peut-être." Une immigrante du Maroc raconte comment elle a travaillé à l'émigration clandestine des Juifs marocains.

Meron est un site religieux orthodoxe. C’est la fête permanente. Musiques étourdissantes. Danses joyeuses.

Shefer, un Juif marocain et sa femme juive tunisienne vivent dans la nostalgie de leurs pays d'origine et le deuil de leur fils mort dans la guerre du Liban. Ils croient que Juifs et Arabes peuvent vivre ensemble en paix, comme autrefois dans le monde arabe.

Ce grand voyage s'achève au coucher du soleil, à la frontière avec le Liban.

 

Chaque interview fait l’effet d’une bombe tant les mots échangés sont forts de désarroi ou de haine.
Le Figaro
Un film assez critique à l’encontre d’Israël, parfois accablant, mais révélateur et passionnant.
Le Monde
Un grand témoignage empreint du désir et vivre et de construire ensemble.
France Soir
Un documentaire qui fait l’effet d’une bombe.
Télérama
Un film abouti, un défi documentaire réussi.
La Vie
À contre-courant des idées reçus, les deux cinéastes remontent les territoires, pour prouver que "Palestiniens et Israéliens peuvent faire ensemble autre chose que la guerre".
Humanité Hebdo
Festival du Monde Arabe, Montréal 2003
Festival of Arab, Iranian and South Asian Films, New-York 2003
Festival Cinéma du Réel, Paris 2004
Festival de Rabat, Rabat 2004
Festival Manifesta, San Sebastian 2004
Festival de Carthage, Tunis 2004
Festival de Haïfa, Haifa 2004
Festival de San Fransisco, San Francisco 2004
Festival de Washington, Washington 2004
Festival “Filmer à tout prix”, Bruxelles 2004
Dokma Festival, Slovénie 2004
Festival de Singapour, Singapour 2005
Festival de Philadelphie, Philadelphie 2005
Festival International de Jeonju, Seoul 2005
Prix du Festival des Droits de l'Homme
Festival des Droits de l'Homme, Paris 2004
Prix spécial du Maire
Festival International du Film Documentaire, Yamagata, Japan 2005